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princesses de science

aujourd’hui. Il doit y avoir ce matin, dans un service du premier étage, un concours pour l’admission d’un chef. Herlinge est examinateur avec Artout, Durand-Blondet et Boussard… Trois concurrents sont en présence, dont une dame qui va sans doute passer. Ce sera la première femme-médecin chef de service. Ça va être rigolo !

Thérèse vivait si retirée dans son douloureux secret que la candidature de cette femme, qui faisait quelque bruit à ce moment dans le monde médical, lui était demeurée inconnue.

— Ah ! qui est cette personne ? demanda-t-elle, prise d’un intérêt soudain !

— Oh ! dit le jeune homme, riant très irrévérencieusement, un vieux sabot de la médecine : madame Marie Boisselière, une méridionale.

— Madame Boisselière ! fit Thérèse, j’ai entendu parler d’elle, en effet.

Et, comme elle redescendait en remerciant l’interne, celui-ci ajouta :

— Vous ne pourrez pas voir monsieur Herlinge aujourd’hui, mademoiselle ; il est trop affairé par ce concours.

Cependant des voix venaient d’en bas, et Thérèse crut distinguer l’organe sonore et imposant d’Artout. En effet, un groupe très animé montait l’étage inférieur, et, sur le vaste palier au plancher noîrâtre du premier, elle se trouva face à face avec son père, qui gesticulait nerveusement près de Boussard. Artout le suivait avec Durand-Blondet et un autre