simultanément les balles, les obus, les marmites, les gaz asphyxiants, suffocants, putrides, et jusqu’aux liquides enflammés. L’un d’eux, le « corporal » Teddy Jackson, a dans le temporal gauche une dépression où logerait son pouce. Mais vous ne la voyez pas sous l’ample visière de sa grave casquette. Corporal Teddy Jackson, des King’s Royal Rifles, revient avec ses compagnons d’un pays où chaque nuit l’on couchait dans la boue ; mais le drap de leur uniforme, les ors de leurs boutons, les cuirs de leurs ceintures aux fontes multiples, ont la fraîcheur d’un équipement de fantaisie comme on en voit aux vitrines de Piccadilly. Corporal Teddy Jackson mesure 1 m. 78 de hauteur. Il a le visage maigre, et de puissants maxillaires sur lesquels joue une peau rasée couleur de brique. Il pénètre dans les bureaux militaires le buste droit, le pas lent, l’allure sereine. Corporal Teddy Jackson est peut-être, pensez-vous, un riche propriétaire du Yorkshire ? Non, monsieur ; avant de s’engager en 1914 dans les King’s Royal Rifles, il était à Londres, à Brighton Hôtel, pour la vaisselle. Well.
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