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Et laissant de côté les lignes sentimentales de la missive qui ne concernent qu’elle-même, mademoiselle Louise lit tout haut, pour ses auditeurs atterrés, le récit héroïque. Robert Picot, le petit vendeur aux gants du Meilleur Marché, le pêcheur à la ligne, est tombé en bravant le danger, pour la France et pour celle qu’il aime, comme le sire de Catalpan, le chevalier léonin. Tous deux ont reçu la même blessure.

« Robert est un héros, écrit le sergent Lecointre. Ses hommes sont encore sous le coup d’une émotion enthousiaste. J’en ai vu qui pleuraient, le croyant mort. Hélas ! il n’en vaut guère mieux. Sa blessure est de celles qui ne pardonnent guère. »

La stupeur a envahi le magasin. On se souvient des beaux dimanches de Choisy : soleil, verdure, doux clapotis des eaux sur la rive ; bercement du canot amarré sous les saules d’argent ; plantureux déjeuners, gigots ruisselants de jus, poulardes dorées et tendres, fraises odoriférantes sous le bourdonnement d’une guêpe égarée dans la salle à manger Henri II.