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Les quatre garçons figés de peur tremblaient de tous leurs membres. Le père Braspartz regardait sa fille avec une tendresse assez quiète. Denis pleurait. Marc demanda :

— Va-t-elle mourir ?

Mais Mme Braspartz, sereine, revint de la cuisine avec un peu de vinaigre dont elle bassina les tempes de sa fille, épiant la petite flamme encore incertaine qui se rallumait au fond de la prunelle immobile. Puis voyant le visage de Denis tout défait et baigné de pleurs, elle sourit tranquillement :

— Ne vous tourmentez pas, mon fils. Avant la naissance de tous mes enfants je connaissais ces accidents.

Il fallut plusieurs jours à Denis pour se remettre du coup assené ce soir-là à sa sensibilité inquiète, à cet amour craintif et tourmenté qu’il avait voué à Geneviève. Trois visites successives du médecin furent nécessaires pour le convaincre que sa femme ne mourrait pas, mais qu’elle aurait probablement un très bel enfant. :

À partir du moment où cette certitude de l’enfant l’envahit, et où il put se livrer aux joies de cette perspective, une fête intérieure commença dans l’âme de ce fils du poète.

— Comprends-tu, disait-il à Geneviève, ce petit qui sera entre nous deux, venu de toi, de moi, cela me semble un beau miracle. Tu ris ! Tu te moques de moi. Eh bien ! oui, c’est naturel, je sais. Mais c’est naturel pour les autres. Pour soi, dès que la divine aventure se produit, elle vous apparaît merveilleuse. C’est le plus beau don que Dieu pouvait nous faire.

— Certainement, dit Geneviève. Je me réjouis