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administratives. Ah ! ah ! enfin ! il semblait y venir aujourd’hui. Ce n’était pas trop tôt. Quel charmant mari elle avait là ! Comme elle lui pardonnait son humeur du déjeuner ! et ses plaintes contre le restaurant, et sa rancune exprimée un peu cruellement contre le travail de sa femme !

— Il y a parmi les rédacteurs, reprit-elle, deux ou trois hommes de valeur qui me dépassent…

— Moi, répondit le mari enivré en se pressant contre ce bras si plein de force et d’énergie, je sais bien que tu es la plus fine, la plus subtile, l’esprit le plus direct, le plus lumineux !

Leur repas, ce soir-là, dans la salle à manger baignée des rayons pourpres du soleil qui s’abaissait derrière les coteaux de Meudon, fut une ineffable fête. Le jeune mari avait pris le parti bien déterminé de n’être plus orgueilleux désormais que des succès de sa femme.

À quelque temps de là, comme ils se hâtaient, certain soir, de rentrer chez eux, car on sentait déjà dans l’atmosphère la touche de l’automne, le crépuscule venait et ils pensaient aux clartés des fortes ampoules électriques dans leur appartement rose et orangé, Denis demanda avec le candide prosaïsme des hommes :

— Qu’avons-nous ce soir à dîner ?

— Des croquettes de veau, monsieur, répondit Geneviève, qui se sentait toute joyeuse ce soir, puis des légumes à la crème et une macédoine de fruits. Êtes-vous content ?

— Je suis toujours content, chérie, puisque je me sais si privilégié d’être le mari d’une femme comme toi. Je t’admire de tenir ton rôle au bureau