Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

III

— Eh bien ! chéri, avoue que notre vie de fonctionnaires s’arrange tout simplement et aussi heureusement que possible. Cela va tout seul. N’est-ce pas ton avis ?

Geneviève et Denis attablés dans un vaste restaurant du quartier de leur Ministère dont le va-et-vient amusait la jeune femme, venaient de commander leur repas. Voici deux semaines qu’ayant retrouvé leurs postes respectifs, ils déjeunaient ici. Geneviève avait, lui semblait-il, le droit d’énoncer un favorable avis.

— Oh ! lança Denis timidement, cela manque un peu de calme.

— Évidemment, concéda-t-elle, ce n’est pas si agréable que chez soi. (Voilà une chose qu’elle ne pensait pas, mais il fallait ménager les goûts casaniers du cher mari, parler de son point de vue, paraître épouser son parti.) Cependant, malgré le tintamarre de la vaisselle entre-choquée, des serveurs, des ordres qui traversent la salle et des rumeurs de la conversation, on peut fort bien s’enfermer dans la petite loggia de son tête-à-tête. Pour ma part, je sais parfaitement faire que nous soyons seuls toi et moi dans cette cohue.

— C’est le quatorzième bifteck coriace que je mange ! nota seulement le jeune mari avec tristesse.

— Eh bien ! change, chéri, réclame une escalope !