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s’étaient saignées pour « Braspartz » — un beau cheval cabré en faïence blanche — mettait, dès l’antichambre, une atmosphère de fierté dans la maison.

Puis, c’était plein de fleurs. Cela, une vraie surprise ! Ils se regardèrent attendris et chacun d’eux s’écria :

— C’est maman !

Mais de deux jours, ils ne devaient savoir de laquelle des deux mères il s’agissait.

La jeune Ninette, la domestique arrêtée, avait préparé le chocolat, s’excusant de ce qu’il fût un peu brûlé. Mais le train de Monsieur et Madame avait eu du retard, et le fourneau électrique était un sournois. Elle plaidait gentiment sa cause, nullement timide, avait déjà revêtu sa robe noire, avec le petit tablier blanc des bonnes maisons, et tenait la tête légèrement inclinée sur l’épaule comme elle l’avait vu dans les magazines qui couraient l’atelier où elle était, naguère encore, cousette.

— On sera bien chez nous, murmura Denis, quand ils furent seuls dans la salle à manger.

— Je ne te le fais pas dire ! triompha Geneviève.

De tout ce jour, las de leur nuit en chemin de fer, ils ne se décidèrent pas à quitter leur appartement. Denis y était le moins disposé. Ce dieu humait les parfums de son nouveau temple, se traînait d’un fauteuil dans l’autre, essayait chaque pièce pour venir échouer dans la grande chambre-salon. Geneviève en profitait pour guider la cuisinière improvisée. Elle la plaignait un peu d’être entrée en service après avoir goûté les gaietés de l’atelier de couture, se promettait de lui faire une existence bien douce. L’enfant avait d’ailleurs un perpétuel sourire qui l’enchantait. Madame n’avait pas abandonné la sauce et quitté la cui-