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rences, ses manières d’être, de sentir surtout, s’avèrent différentes, parfois opposées ou hostiles, en tous cas, fuient, se dérobent, lui échappent.

Mais ces luttes secrètes pour s’emparer de l’âme aimée tout entière n’étaient pas si sensibles à leur conscience que l’ombre d’un nuage qui glisse sur un champ d’avoine verte.

« Ah ! si tu connaissais ma Provence ! » se contentait de dire Rousselière. « Ah ! si je pouvais te montrer ma Bretagne tout entière ! » soupirait Geneviève. Et leurs deux personnalités au lieu de se fondre, s’avéraient plus différentes et semblaient au contraire fortifier chacune leurs positions.

Avant le milieu d’août ils reprirent le train de Paris. Une grande douceur leur était promise là. Ils allaient enfin prendre possession de leur nouveau royaume de cinquante mètres carrés suspendu entre ciel et terre, face au soleil couchant. Le petit matin frisquet où, en débarquant à la gare d’Orsay, ils se firent conduire chez eux, marqua peut-être le plus beau de tout leur voyage de noces. Non, jamais ils n’auraient cru, quand ils se promenaient là-bas, serrés l’un contre l’autre dans les garennes humides où il y a toujours une fontaine aux pieds d’une statue granitique de la Vierge, que leur appartement leur réservait une telle surprise, constituait une telle réussite. C’était pourtant sobre et modeste. Quatre meubles éparpillés dans plusieurs petites pièces. Mais les peintures s’harmonisaient avec la belle lumière de ce logis aérien qui dominait tout le quartier. Geneviève avait tout choisi, tout disposé heureusement ; et le cadeau des petites dactylos du bureau, qui