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les quartiers où il conviendrait de chercher l’appartement conditionnel de leur union.

Alors, pour ces deux-là, le temps, les heures se mirent à fuir, à voler comme si un vent impétueux les emportait dans la tempête. Pour chacun d’eux, le bureau n’était plus que l’occasion de retrouver l’autre. Leur fièvre de se rencontrer était contrariée et desservie par leur nervosité et leur désir même. C’était à qui arriverait le premier dans la cour pour ne pas perdre la joie de monter l’escalier ensemble. Ils en venaient ainsi à devancer l’heure de dix ou douze minutes. Et une fois là, comme leur pudeur répugnait à donner en spectacle une longue attente, le premier arrivé montait seul très lentement et prenait place à sa table, se résignant à la brève et furtive poignée de main de celui qui allait venir…

Tout le jour, Denis Rousselière se tenait à l’affût d’un motif, d’un prétexte qui lui permît d’entrer dans le bureau de Geneviève. Réciproquement, Geneviève voyait souvent la nécessité d’aller consulter le chef du bureau de Denis. Sept à huit dactylos ne pouvaient alors s’empêcher de suspendre leur typing pour des regards furtifs sur le visage que faisaient ces deux-là en se revoyant ainsi, d’aventure. Leur amour, qu’ils s’efforçaient d’envelopper et de dissimuler dans une discrétion et une pudeur orgueilleuses, éclatait aux yeux de toute une administration comme une scène sur un théâtre. Mais naïvement, ils se croyaient protégés derrière une sorte de nuage féerique. Et l’on ne parlait que d’eux.

Dans l’intervalle des heures de travail ils se livraient ensemble à la chasse aux appartements,