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droit au mariage. Mais quand notre fille nous a rapporté leurs accords, nous savions déjà qu’il s’agissait d’un garçon de beaucoup d’honneur, de droiture et de mérite, et nous avons remercié Dieu.

Là-dessus, la Provençale reprit la piste et s’élança de tout son enthousiasme dans l’éloge de Geneviève : « Quoi ? quoi ? Mais c’était eux les Rousselière qui se sentaient orgueilleux d’une telle alliance ! Mlle Braspartz, avec sa merveilleuse intelligence, son noble caractère, la carrière brillante qu’elle poursuivait, représentait un parti bien enviable. Elle, la mère de Denis, était déjà fière de sa future bru qui portait avec tant de simplicité et de gentillesse ses dons de femme supérieure. »

Ici, Mme Rousselière mourut d’envie de placer un petit couplet sur le timide désir qu’avaient eu son fils et elle de voir la fiancée renoncer en se mariant à sa vie de bureaucrate. Mais Denis, plus généreux, l’avait adjurée avant le départ : « Je vous en supplie, ma chère amie, pas une allusion à l’abandon de sa carrière ! Elle y tient trop ! J’ai cédé. Je ne veux plus marchander davantage. Trop heureux d’obtenir une telle compagne, devrait-elle devenir ministre et me dépasser cent fois. » Ces paroles, un coup d’œil de Denis qui jouait nerveusement avec ses gants, les rappela opportunément à l’esprit prompt de la mère qui fit le rétablissement immédiat en déclarant, malgré qu’elle en eût, qu’une telle femme saurait très bien cumuler ses devoirs de maîtresse de maison et de fonctionnaire de grande classe. Elle parla si bien que Geneviève ne put contenir son élan affectueux. Rien n’aurait su la toucher plus que de tels propos qui en même temps servaient son amour et son farouche entêtement. Elle se leva brusquement et vint à la mère de Denis :