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commun et incoercible, bannissant cette fois toute hésitation, se tournèrent l’un vers l’autre et se sourirent.

Que voulait dire ce sourire ? Est-ce que Geneviève cédait enfin aux raisons de Rousselière ? Est-ce que Rousselière se rendait aux raisons de Geneviève ? Ni l’un ni l’autre n’était en mesure de percer les pensées de son adversaire. Ils obéissaient à un tout puissant réflexe, simplement. Celui qui abdiquerait ses conceptions de vie serait celui qui aimerait davantage. Mais à partir de cet instant, de ce regard, de cet éclair, chacun sut parfaitement que l’autre ne pouvait plus ne pas lui appartenir.

Ce furent ensuite les cérémonies sacrées de la messe, les saints mystères que Denis, muni d’une formation spirituelle plus robuste que Geneviève, suivait plus étroitement. Puis la cohue du défilé à la sacristie. Les chefs de bureau coudoyaient les expéditionnaires et les dactylos. Arrivé devant les jeunes mariés, le directeur du personnel, fort littéraire, leur tourna en trois phrases un petit compliment ravissant où il exprima ses regrets de perdre Denise bien qu’il fût avéré qu’elle tapait en dépit du bon sens et que son renvoi eût été plus d’un coup mis en question. Elle partait aujourd’hui. Mais c’était pour les Îles Fortunées et, oubliant son mauvais typing, on ne songeait qu’à son petit visage de fée qu’on ne verrait plus. Pouvait-on demeurer sans en exprimer un regret ? Le plus joli fut que le regret était sincère.

Lorsque après la bousculade de la sortie, Rousselière et Geneviève se retrouvèrent au soleil sur les marches de l’église, lui, pris d’un émoi qui le faisait trembler, s’adressa à sa camarade.

— Alors ?…

— Alors, répondit la jeune fille en détournant