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Tous deux se marquèrent de la Croix. Ils pénétrèrent dans les rangs des assistants, s’agenouillèrent l’un près de l’autre.

« Le mariage, disait maintenant le prêtre à l’autel, est l’union la plus absolue des âmes. L’Apôtre Paul va jusqu’à l’assimiler aux noces spirituelles de l’Église universelle et du Christ qui sont intimement inséparables. Une même chair. Une même âme. Deux êtres ? non, un être double qui s’exprime deux fois. C’est un grand mystère. C’est souvent un grand miracle. Il n’y a rien de plus touchant que le couple humain ainsi conçu. Rien de plus mystérieux. Rien de plus noble. Il est construit sur le principe du renoncement de l’un en faveur de l’autre. Il est un holocauste de l’un à l’autre. Et il est aussi une récompense constante de l’un à l’autre. La Société du mariage est comme le principe, l’œuf de toutes les associations ; mais il reste la plus pure, la plus idéale, la plus substantielle de toutes les sociétés humaines… »

Denis et Geneviève qui, côte à côte, entendaient ensemble ce discours nuptial, en ressentaient plus d’émotion que personne ici et que les intéressés eux-mêmes. Ils retenaient le souffle de leur poitrine et le moindre mouvement qui eût pu les trahir. Incapables même de s’entre-regarder, de soutenir les yeux de l’autre. Devant eux, là-bas, au pied de l’autel, sous la forme d’un nuage blanc bien vaporeux, la petite Denise si frêle, si douce, si soumise figurait bien l’épouse idéale qui renonce tout égoïsme dans le mariage ; et le loyal Charleman, follement amoureux de Denise, l’homme intrépide qui n’a fait ni calcul bas, ni projet d’ambition personnelle en bâtissant sa petite cité intime. Quand le prêtre se tut après les compliments d’usage, Denis et Geneviève, d’un réflexe