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bureau puis reparaître fraîches et rajeunies au bout de leur congé pour reprendre leur assiduité. Et il se demandait toujours de quelle manière on avait escamoté l’enfant, au profit de qui l’on s’en était débarrassé, qui l’élevait ? Cette innovation dans les mœurs de la petite bourgeoisie française lui paraissait lamentable. Une fois, par surcroît, il avait eu le spectacle d’une de ces jeunes femmes en pleurs, s’était informé du sujet de son chagrin. Il s’agissait de son petit bébé de six à sept mois qu’elle avait perdu. Sa douleur apitoyait tout le service. Un tel malheur peut frapper, à la vérité, la mère la plus assidue aux soins que réclame un nourrisson. Mais personne ne manqua, dans le personnel masculin, de l’imputer ici à l’absence maternelle, au défaut des soins de la mère, « Ces femmes-là seraient mieux autour de leurs marmots », grognaient les vieux expéditionnaires. L’histoire revenait aujourd’hui à la mémoire de Rousselière et mettait en jeu ses convictions, ses principes sous une certaine forme de fanatisme.

— Chérie ! murmura-t-il — et sa voix tremblait, suppliante, car il jouait son bonheur — si je posais à notre mariage la condition expresse que vous resterez tenir la maison, vous faisant mettre en disponibilité par l’Administration, que diriez-vous ?

La figure de Geneviève se décomposa :

— Quoi ! Quoi ! Que me dites-vous, Rousselière ? M’imposer de renoncer à mon métier ? Abdiquer tout ? Anéantir le résultat de tant d’efforts ? C’est à ce prix que vous m’offrez l’honneur de faire la route avec vous ? Et c’est à prendre ou à laisser. Merci, Rousselière. Merci. J’avais compris que vous m’aimiez. Excusez-moi. Mettons que nous n’avons rien dit ce soir. Vous expliquerez à votre mère que… nous nous étions trompés, que vous