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— Non, Rousselière, non ; merci. Je suis en retard déjà. Nous nous attarderions encore. Et puis nous avons fait ce soir déjà beaucoup de chemin l’un vers l’autre. Voyez-vous, il ne faut rien précipiter. Réfléchir beaucoup…

Ils se quittèrent devant la bouche du métro voisin. Une poignée de main rapide et Rousselière murmura :

— Braspartz… vous avez compris, n’est-ce pas ?

— Ah ! je vous en supplie ! ne nous hâtons pas. Réfléchissons.

Autour d’elle, tout prenait un aspect irréel de songe. Le métro glissait vers la Butte sans plus de bruit qu’un ascenseur. Les voyageurs étaient des ombres. La maison de la rue du Mont-Cenis, toute perforée de lumières, un décor de théâtre. Quand Mme Braspartz ouvrit la porte, Geneviève entendit sa mère murmurer :

— Quel dommage, ma fille ! tu arrives en retard ; tu n’as pas été présente à la belle surprise préparée par ton père ! Mais, va voir la chambre des garçons !

De cette pièce noble de l’appartement venait en effet un charivari. Les quatre frères de Geneviève y étaient rassemblés avec leur père. Le lustre y était allumé et un magnifique tapis marocain de haute laine, tout neuf arrivé, déroulé au beau milieu des quatre lits, rendait à ce salon désaffecté son ancien air luxueux. Ses couleurs ivoirines, le moelleux de son point créaient ici une nouvelle atmosphère douillette, et le bon M. Braspartz y enfonçait gravement ses deux pantoufles, arrachant à la vieille pipe du grand-père de Concarneau ses bouffées odorantes.

Jean, le lycéen de quatorze ans, se précipita alors la tête la première au milieu du tapis neuf, s’y dressa sur ce chef bien rond et tout le corps s’y