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que c’était à elle que s’adressait cette « invitation au voyage ». Mais ce coup de surprise la prenait trop au dépourvu. Elle était trop jalouse de ses secrets intérieurs pour avouer, pour laisser seulement supposer à ce garçon l’enchantement qu’étaient pour elle ces aveux inexprimés. Et si elle s’illusionnait ? Et si c’était une simple théorie à laquelle sa personne, à elle, Geneviève demeurait étrangère ?

Elle regarda l’horloge inscrite dans une glace irradiée des feux du magasin, vit qu’il était sept heures. Son compagnon suivit ses yeux :

— Demeurez encore un peu, Geneviève ! pria-t-il d’un ton qui n’était pas équivoque. On est bien ici, ne trouvez-vous pas ?

— Je trouve ; mais je ne veux pas inquiéter mes parents.

— Bien des fois le travail vous a retenue plus tard au Ministère. Ils ne peuvent se tourmenter.

— Cinq minutes encore ! accorda-t-elle, et son cœur battait malgré son visage impassible.

— Voulez-vous que nous revenions ici quelque-fois après le bureau ?

— Peut-être, dit-elle, réticente et comme si elle redoutait le définitif.

Il lui versa du thé chaud, la força de choisir un autre gâteau. Il ne disait plus rien, la regardant comme dans un ravissement. Et ce silence instruisait bien plus sa camarade de cet orage insidieux de l’amour qui naissait en lui que toutes les plus claires allusions du monde. Ce furent ainsi de longues minutes qu’ils passèrent sans rien dire. Puis, brusquement, Geneviève se leva.

— Cette fois… prononça-t-elle sans finir sa phrase.

— Je vais vous accompagner jusque chez vos parents…