Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/33

Cette page n’a pas encore été corrigée

affaires administratives. Ce n’est pas mon genre, à ce qu’il me semblait du moins. Mais vous avez bien fait de me mettre en garde contre la sensiblerie… à tout hasard. Je vous en remercierais même au besoin.

— Je ne voudrais pas que vous me preniez pour un bureaucrate desséché, hypnotisé par ses dossiers, incapable de voir dans les êtres qui l’entourent ici autre chose que des machines à dresser des états, des statistiques ou à compulser des textes de jurisprudence. Tout cela est un rôle que ces acteurs, mes collègues, revêtent huit heures par jour et qu’ils laissent au vestiaire lorsqu’ils viennent y chercher leur chapeau et leur par-dessus. Faites-moi crédit assez pour croire qu’au contraire la curiosité me presse sans arrêt de leur personnalité véritable, de leur vie intérieure réelle, de ce qui fait leur « moi » caché, mais seul intéressant. Ainsi vous, mademoiselle Braspartz, qui êtes si énigmatique…

— Moi, énigmatique ? interrompit Geneviève, en riant assez fort pour donner le change sur l’anxiété qui lui serrait le cœur à mesure que son camarade parlait. Je suis plus claire que le jour ! La fille la moins compliquée, je vous le garantis…

— Vous dites cela ! Mais vous avez une intelligence trop subtile, trop diverse pour ne pas réprouver en vous-même bien des contradictions. Et je vais me confesser à vous. Je crois que l’autre jour, à propos de ce fameux dossier, j’ai voulu vous pousser à bout pour vous forcer de vous découvrir à mes yeux.

— Et peut-on savoir ce que vous avez trouvé ?

— J’ai compris d’abord que j’étais dégoûtant de m’attaquer à une jeune fille comme vous pour me livrer à mes petites expériences psychologiques. Et aussi autre chose… C’est que vous saviez assez