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Cependant, malgré l’augmentation de leurs ressources, la volonté où étaient ces parents de donner une carrière sérieuse à chacun de leurs cinq enfants les obligea à de sévères restrictions. On dut freiner sur chaque dépense : appartement, frais vestimentaires, service. Et Mme Braspartz si bien secondée dans sa ville natale par deux « bigouden » à la coiffe seyante, dut se mettre à la cuisine, sans attendre aucune aide de Geneviève qui préparait alors son premier bachot.

— Pauvre maman ! soupira celle-ci, qui, en ouvrant la porte de la cuisine, aperçut sa mère au milieu des vapeurs de la graisse bouillante.

— Quoi ? dit la mère philosophe, me trouverais-tu plus heureuse à me prélasser dans un salon ?

Car elle combattait chez sa fille la tendance à déprécier les besognes ménagères où Geneviève ne voyait qu’empêchements et obstacles à sa carrière véritable.

— Tu sais, reprit celle-ci, que les garçons s’entretuent en ce moment dans leur chambre.

— Hé ! riposta avec douceur cette femme tranquille, tu sais bien qu’ils en ont l’habitude, mon enfant.

Le couvert était déjà mis dans la salle à manger qui servait aussi de salon, et M. Braspartz en attendant le rôti et les frites fumait silencieusement l’énorme pipe d’écume de son aïeul, pêcheur à Concarneau, pipe qui, paraît-il, contenait encore de beaux rêves.

Puis ce fut la déflagration des quatre garçons envahissant la salle à manger tout en continuant de se houspiller. Ils s’étageaient en tuyaux d’orgue depuis le futur officier jusqu’au galopin qui faisait sa quatrième au lycée ; moins élancés que leur sœur ; de rondes têtes bretonnes ; des taches de rousseur ; des yeux bleus au regard direct. Le rôti