Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Mais je t’assure, Denis, lui disait celle-ci, que Je n’ai rien fait d’extraordinaire. D’avance, oui, J’avais drôlement redouté cet abandon. J’avais bien tort ! Je goûte maintenant dans mes occupations ménagères toutes sortes de petites joies nouvelles — et si faciles !

— Tu ne regrettes rien, dis-le moi, ma grande Geneviève ?

— Que pourrais-je regretter, chéri, quand je te vois si content !

Ce furent d’abord les surprises que lui réservait le déménagement : ce changement d’étage — et d’étiage social qui devait être, leur semblait-il, aux yeux de tous le signe sensible d’un certain déclassement, Geneviève fut bien surprise, étonnée même, d’y trouver en s’installant tout à son aise, avec un sentiment de vacances perpétuelles, de liberté, de loisir indéfini, une joie d’enfant. Elle avait tant de goût, tant de sens de l’harmonie des choses extérieures, que de ces quatre pièces, elle fit une résidence commode, charmante, qui donnait une impression de bien-être. Cela se construisait petit à petit, comme un nid d’oiseau. Elle était en même temps bien accaparée par ses enfants avec lesquels jamais elle ne se lassait de jouer. Pierre atteignait trois ans, le petit Jacques son dixième mois. Geneviève se payait aujourd’hui de tant de départs matinaux dans le petit jour de l’hiver, dans les premières heures du soleil d’été, où elle s’était raidie pour les abandonner à des étrangères. Ah ! cette impression de loisir qui lui revenait sans cesse maintenant, qui lui permettait tous les plaisirs, tout le contentement, toute l’aise, toute la liberté du chez-soi ! Que de jeux, chaque matin, avec ces petits êtres dont le rire perlé cascadait d’un bout à l’autre de la maison. C’étaient des parties de cache-cache