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donne son prestige dans le bureau. Attendez… je crois me souvenir que l’année dernière, à la Sainte-Catherine, les dactylos lui avaient fabriqué un ravissant bonnet, parce que, soi disant, elle avait coiffé cette sainte…

— Vingt-six ans maintenant, pensa tout haut la Provençale.

Là-dessus, la mère et le fils n’échangèrent plus que d’insignifiants propos, auxquels leur pensée secrète demeurait à demi étrangère.

Sur ces entrefaites, Geneviève Braspartz s’était mêlée au flot compact de la foule qui, avec la volonté désespérée de regagner à tout prix la table de famille, s’enfouissait et se recroquevillait dans le métro. Ici l’on montait vers Montmartre. Debout, oppressée et meurtrie entre deux femmes puissantes qui l’écrasaient, son charmant petit feutre solidement assujetti sur les rouleaux épais de ses cheveux, elle dépassait de quelques centimètres le niveau de cette masse humaine, où bien des regards quêtaient celui de ces beaux yeux humides et sans cesse émouvants. Mais elle, inattentive à cette sensation qu’elle créait partout où elle passait, se demandait seulement ceci :

« Pourquoi m’en veut-il ? Car il m’en veut. C’est indéniable. Un homme ne parle pas à une femme comme il m’a parlé s’il ne ressent pas contre elle une grosse rancune. Serait-il jaloux de mon inscription au tableau ? Ces messieurs n’aiment pas beaucoup qu’une femme, dans une administration, grimpe plus vite qu’eux… »

Et à cette pensée qu’elle dépassait Rousselière au point de lui donner de l’envie, un léger sourire flottait au fin bout de ses lèvres et se perdait dans