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disaient : « Une belle femme, c’était avec cela, et qui savait jusqu’au latin ! Pourtant, pas plus fière qu’une expéditionnaire ! »

Seul, le camarade au tableau depuis trois ans se réjouit, car il apprit bientôt qu’il remplaçait Mme Rousselière à Boulogne.

Le premier effet du coup d’État de Geneviève fut le départ de Mlle Hedwige. Comme un condamné, elle fut comblée d’honneurs et d’égards jusqu’à l’issue fatale. Geneviève elle-même l’accompagna jusqu’à la gare de Lyon, après que Denis lui eut adressé un petit discours où il avait loué sa science éclairée de la puériculture. Denis lui aurait décerné tous les compliments, toutes les flatteries, puisqu’au bout de tout, elle s’en allait. Denis était gai, rieur, allègre. Tout lui était raison de joie ; tout, motif à exciter sa verve méridionale. Geneviève, plus rieuse aussi, depuis qu’elle ne mettait plus le masque administratif, l’appelait « Mon Triomphateur ». Mais lui se moquait bien que son bonheur éclatât aux yeux de tous. C’était même sans le vouloir qu’il revêtait parfois, devant Geneviève, une sorte d’humilité, d’effacement, comme si c’était aujourd’hui qu’il la trouvait trop grande pour lui.

— Elle est encore d’une bien autre étoffe que Denise ! disait-il alors avec une confusion assez pénible.

Il se souvenait avec honte d’avoir rabaissé Geneviève devant Denise, de les avoir comparées l’une à l’autre en ravalant Geneviève à un personnage de sécheresse et de vanité. Ah ! est-ce qu’aujourd’hui la gentille Denise, avec toutes ses vertus domestiques, Denise dont il avait construit une figure idéalisée en perfection, tenait une seconde en parallèle, avec sa femme héroïque, sa femme si simple dans son renoncement !