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— Qu’est-ce que tu regardes ainsi, chéri ? lui demandait-elle.

— Cette mélancolie… répondait-il, la main tendue vers le grand panorama inscrit dans la baie de cette pièce si claire.

Elle avait un petit sourire indulgent comme on en a pour les poètes, ces gens ennuyeux que la vie déçoit toujours.

D’ordinaire, Mlle Hedwige, pour prévenir une offensive de la mère, accourait alors victorieuse :

— Que Madame n’entre pas. Les enfants dorment.

Mais un soir, Mademoiselle eut beau affirmer que Pierre dormait, Geneviève entendit formellement ses cris. Elle se précipita.

— Madame a grand tort d’y aller, déclara la jeune fille, fort contrariée, Madame démolit toute ma pédagogie.

— Vous n’empêcherez pas une mère… s’écria Geneviève.

Mais, sur le seuil de la pièce, elle s’arrêta net en voyant l’enfant dans son petit pyjama rose, effondré sur le pan de bois de son lit, suffoquant de trop âpres sanglots.

— Mon pauvre trésor ! lança Geneviève, qui le saisit et le ramena dans ses bras jusque dans sa chambre.

Bercé, câliné, caressé, ce corps puéril, si plein déjà de forces terribles, s’apaisa progressivement, tandis que redoublait chez la mère la curiosité de ce qu’il y avait eu.

— Mlle Hedwige a été méchante envers Pierre ? interrogea-t-elle, pleine de passion et de sourde colère contre Mademoiselle.

Pierre ne pouvait encore articuler quoi que ce fût de son vocabulaire restreint, mais il secouait