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— Oui, je sais ; vous m’avez quelquefois parlé

— Eh bien ! j’ai pris contre cette fille-là le parti de l’Administration, comme un bureaucrate encroûté que je suis en train de devenir et j’ai tourné en ridicule la raison purement sentimentale qu’elle m’opposait.

— Ce n’est pas très chic en effet, ce que vous avez fait là, mon garçon.

— D’autant plus que je pensais comme elle…

— C’est d’autant moins excusable.

— Non, véritablement, je ne m’explique pas ce qui m’a passé par la tête.

La mère observatrice fouillait d’une recherche ardente toute la physionomie de son grand enfant qui croquait des radis roses.

— C’est sans doute à une pauvre fille bien dépourvue de charmes que vous aviez affaire.

— Ah ! détrompez-vous ! Braspartz est certainement la plus belle femme de la Direction. Il y en a une gentille, oui, si l’on veut, parce qu’elle a l’air de sortir d’un conte de fées, une petite fille d’un blond ravissant, évidemment. Mais devant Mlle Geneviève Braspartz, elle n’existe pas ! Et puis, vous comprenez, Braspartz est une « personnalité ».

— Dactylo ?

— Pensez-vous ! Rédacteur comme moi. Et, en outre, au tableau où je n’ai pas encore été fichu de me faire inscrire. Vous voyez, ma chère amie, (c’était chez lui une façon de câlinerie d’appeler ainsi sa mère dont, par ailleurs, il se tenait distant avec des formes de respect spéciales au Midi), vous voyez que c’était la dernière envers qui j’eusse dû manquer d’égards, tout au moins de courtoisie.

— Les hommes, dit Mme Rousselière, en regar-