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creva le cœur. Et brusquant les adieux de la vieille femme dévouée qui partait chassée par le système et les principes d’une jeune fille de bonne volonté, elle prit son fils et l’emmena dans sa chambre pour le calmer.

— Mon pauvre petit, lui disait-elle tout bas pour se consoler elle-même bien plus que pour consoler cette peine enfantine, je ne veux pas que tu sois malheureux. Voyons ! tu es un petit garçon gâté ! Tu retrouves le soir un papa et une maman qui t’adorent. Tu as une jolie chambre, de beaux joujoux. Mademoiselle est gentille…

Mais là son fils l’arrêta, — suivant point par point les phrases berceuses par lesquelles cette mère endormait sa propre inquiétude, il n’accepta pas la dernière.

— Non, pas gentille, Mademoiselle. Méchante Mademoiselle, Très méchante !

Ce fut pour Mme Sous-Chef ce qu’est pour un commerçant le premier signe irréfutable qui apparaît de la faillite : malgré sa bonne volonté, ses tours de force incessants, le premier point de son programme qui était le bonheur, le bienêtre, la douceur de vivre procurés à ses enfants, à ce petit Pierre surtout dont l’organisme spirituel était déjà si développé et la sensibilité si vive, oui ce point principal qui lui tenait le plus au cœur accusait un terrible déficit. Pierre souffrait ; d’une façon chronique aurait dit un médecin ; alors que né dans le plus simple foyer d’une femme du peuple, bercé, choyé, entouré dans la chambre commune il se fût épanoui. Pour le tout petit qui annonçait une nature identique, il en serait de même.

Toute la consciente sagesse de Geneviève, l’ordonnancement si méthodique de sa vie avait abouti à ce premier résultat de créer à ces petites