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Le retour de Mme Rousselière au Contentieux prit très discrètement, très délicatement un aspect de fête. Il y avait de belles roses dans un vase sur sa grande table de travail. Le vieil huissier imposant du Directeur, avec sa chaîne, ses écussons d’argent au col, sa forte corpulence et ses cheveux blancs rejetés en arrière, se pencha confidentiellement pour lui dire quand elle arriva :

— De la part des garçons de bureau.

— Oh ! S’écria Geneviève, comme c’est gentil ! comme je suis touchée !

Ses yeux luisaient de plaisir ou d’émotion, on ne savait. D’ailleurs, tout le monde lui faisait fête. Elle avait été suppléée durant son congé par le chef, aidé d’un rédacteur venu du Ministère. Tout le jour, elle travailla en collaboration avec celui-ci, qui lui exposait les affaires en cours. C’était un jeune Parisien assez complimenteur et aimant à plaire. Il admirait la vivacité d’esprit de Geneviève qui, à la lecture d’une ou deux pièces du dossier, reconstituait tout le corps du litige. « Mais vous êtes étonnante, madame ! Vous avez compris avant qu’on vous dise un mot ! » Geneviève, ravie au fond, disait que c’était simplement une grande habitude des affaires administratives. Qu’il n’était que de commencer jeune.

À la sortie de midi, le chef vint la complimenter pour l’heureuse naissance de son enfant. Elle dit avec un grain d’orgueil que c’était son deuxième garçon. Le chef s’exclama que les femmes étaient admirables, sans qu’on sût si c’était de mettre au monde deux fils ou de siéger en même temps avec autorité au bureau du Contentieux. Elle n’en finissait pas de serrer des mains et de recevoir