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sant, malgré ses vivacités, il semblait déjà réfléchir et posséder un petit quant-à-soi qu’il ne livrait pas à tout le monde. Délivré de sa geôlière ce jour-là, bien à l’aise entre ces deux êtres tutélaires dont une voix sûre lui disait qu’ils étaient sa propriété absolue, il faisait, tout en cheminant la main dans leurs mains, ses petites remarques botaniques : « Ça c’est une fleur. Ça c’est une feuille, » ce qui suggérait à Denis qu’il avait de la précision dans les idées : héritage latin. Le père et la mère allaient droit devant eux, dans une paix qu’ils n’avaient pas connue depuis bien des jours. Ce fut Geneviève qui s’aperçut la première d’une certaine fatigue dans les petites jambes du bébé. D’un réflexe, elle le saisit dans ses bras, redisant l’expression bretonne :

— Viens ! Mignon à moi !

En vain Denis voulut-il s’emparer de ce fardeau. « Ce poupard était trop lourd pour elle, déclarait-il ; elle allait s’épuiser. » Mais impossible de le lui arracher.

— J’ai tant de plaisir, déclarait-elle, à l’emporter avec moi dans ces beaux bois, comme une femme primitive !

Et l’enfant qui ne s’était jamais vu à pareille fête se redressait, vainqueur, fier de se trouver enfin dans ces bras après lesquels, dans son inconscience passée, il avait souvent pleuré sans le savoir. Le parfum des cheveux de sa mère sentait bon. Là joue de sa mère sur laquelle il collait la sienne était douce. Il n’éprouvait plus de fatigue, se trouvait bien, le déclara à sa façon :

— Elle est gentille, maman ! Mademoiselle est méchante !

— Comment ? Comment ? s’écria Rousselière qui, à ce mot tressaillit comme éveillé d’un som-