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témoin du bouleversement de Geneviève et qui commençait à craindre d’être allé trop loin dans l’absolue sincérité, — sans doute, même sans Denise, n’aurais-je jamais eu le courage de te quitter. Car je te demande, après tout ceci, de retenir une chose : c’est que je n’aime pas Denise et que je t’aime toujours.

— La seule femme qu’on aime, murmura-t-elle d’une voix sourde, c’est celle à qui l’on ouvre tout son cœur.

— Tu as raison, dit Denis. Et c’est bien pourquoi, ce soir, je t’ai fait lire dans le mien en pleine lumière. Désormais tu as ma vérité tout entière. Oui, je t’ai confessé ma confiance dans la femme de notre ami, et le besoin que j’ai de sa douce sagesse, et même l’apaisement que j’ai souvent goûté près d’elle quand j’avais de grosses révoltes d’homme contre toi. Ce n’était rien de mal, mais j’ai voulu que tu ne l’ignores pas.

— Je t’en ai beaucoup de reconnaissance, dit la jeune femme toute tremblante et qu’en un pareil moment rien n’aurait su apaiser. Mais pourquoi, avant d’aller à Denise Charleman, n’es-tu pas venu à moi d’abord, tout naturellement comme à ta seule confidente ?

— Geneviève ! inconsciente Geneviève ! Tu oublies que bien des fois j’ai eu la faiblesse en effet de reprendre avec toi ce sujet, — cette pierre d’achoppement qui, avant notre mariage avait déjà fait buter nos projets d’union. Non ! je ne pouvais plus passer ma vie à te supplier pour une grâce que tu étais formellement résolue à ne jamais me consentir. J’ai décidé de te laisser jouir en paix des satisfactions que te donne ta brillante carrière, Pourquoi insister davantage ? Ne trouve pas mauvais, en revanche si, dans la société d’une autre femme — une femme que je vois d’ailleurs