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d’aimable plaisanterie. Ce ménage, Geneviève le voyait comme une de leurs habitudes. Quand elle poussait un peu son jugement critique à leur sujet, un mot lui venait à l’esprit à quoi elle ne s’attardait pas, le trouvant inélégant appliqué à de si gentils amis : « Ils n’ont rien d’extraordinaire. » En fait, ils étaient accueillants, courtois, affables et montraient une extrême finesse naturelle. « Bien que, ne pouvait s’empêcher de penser Geneviève, Denise fût totalement inintelligente… »

Sur-le-champ, le soir où, Denis fit cet aveu, bien qu’elle en eût ressenti un singulier bouleversement, elle n’en manifesta rien. Il lui fallait le temps de s’examiner, d’étudier ce qui se passait en elle au sujet des Charleman. Elle attendit vingt-quatre heures pour lancer à Denis :

— Tu parais te plaire beaucoup chez nos amis du Boulevard des Invalides. Ils ne sont pourtant ni très cultivés, ni très originaux, malgré leur excessive gentillesse.

— Possible… dit Rousselière, rêveur, et continuant de fumer sa cigarette. Mais ils forment une sorte de poème vivant, de symphonie bien accordée qui me plaît.

— Denise est un peu simple d’esprit, continua la jeune femme, impatiente de le pousser à bout, de le forcer à se découvrir, et il n’est pas de conversation possible avec elle.

— Comme tu te trompes ! se récria Denis. Son âme est une petite source bien claire de sagesse, de jugement, de bons conseils.

— Tu lui en demandes donc quelquefois ?

— Et de qui d’autre pourrais-je en recevoir ?

— De qui ? prononça Geneviève, horriblement blessée ; tu demandes de qui ? Est-ce que tu n’as pas à côté de toi une compagne qui s’est toujours