Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée

VIII

Malgré les prémonitions de Geneviève ce fut encore un garçon, qui déçut un peu son monde, Mais la bonne Mme Braspartz qui s’y connaissait en psychologie familiale, assura que c’était mieux ainsi « car entre deux frères rapprochés par l’âge, disait-elle, il se noue des amitiés qui se prolongent ensuite toute une vie ». On le décréta un admirable bébé, rond, potelé, la poitrine large, de petites cuisses fuselées à ravir. « Voyons ! disait en riant Geneviève à ses visiteurs de la clinique, pour un enfant de bureaucrate, il n’est pas trop mal réussi mon Jacques ! »

Mlle Hedwige arriva de Genève en tous points semblable aux conventions : exactement ce que l’on attendait d’elle. Cette gouvernante était silencieuse, discrète, attentive, ponctuelle, effacée comme une ombre et autoritaire comme un manuel. Lorsque la mère et l’enfant revinrent à l’appartement et la trouvèrent installée dans la chambre d’amis, dont on allait faire la chambre des bébés, Geneviève s’efforça de la mettre à l’aise. Mais elle s’aperçut bientôt que c’était peine perdue, car la jeune Suissesse y était déjà de toute sa personne, sans la moindre outrecuidance, sans l’ombre d’une faute de goût, s’exprimant d’ordinaire par un flottant et léger sourire qui plissait à peine sa joue en fleur.

— Elle est charmante, Mlle Hedwige, disait