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rangeât à son sentiment, comprît les exigences de son impérieuse profession, lui reconnût le droit d’exception que, quoique mère de famille, elle réclamait pour elle-même. Elle aurait dû triompher, se sentir au terme de ses désirs puisque non seulement son ambition avait atteint tous ses objectifs, mais qu’encore toute critique, tout blâme semblaient s’être éteints chez ce compagnon de sa vie qui ne discutait plus rien, acceptait tout, fermait les yeux pour dire : Amen. Cependant, elle ne se réjouissait pas. Ce manque de réaction chez son mari lui causait une inquiétude, une angoisse même indéfinissable. Toujours cette impression de cauchemar où la présence même de l’être qu’on a en face de soi est mise en question.

Geneviève ne reconnaissait plus Denis.

Néanmoins, il fallait que tout allât son cours. Et une correspondance s’établit entre Geneviève et la Suisse pour assurer dès le mois de mai la venue de la jeune « spécialiste des bébés ». On reçut même une photographie, celle d’un visage suave et souriant qui plut à Geneviève. Alors on avertit Mme Poulut de la remise de ses fonctions qu’elle serait bientôt forcée de faire en faveur de cette jolie demoiselle, afin de se cantonner dans la cuisine et le ménage. Ce fut une tragédie bien amère où la principale actrice versa des torrents de larmes et fit même aux Rousselière une scène où le pathétique atteignit Racine pour la véhémence des sentiments.

On lui arrachait les soins nobles du plus bel enfant du monde pour la refouler vers la cuisine et les bas travaux, exclusivement cette fois !

Pierre dont l’intelligence était fort éveillée et qui aimait « Poulut » avec une admiration sen-