se mettre au lit quand ils sont fatigués. Moi je suis lasse et je trotte quand même. » Ce soir-là, Geneviève, retenue par le Directeur du Contentieux, n’est rentrée qu’à huit heures du soir. J’avais 40°. J’espérais un mot d’elle, un mot gentil pour n’avoir pas été présente, prête à me secourir, car j’étais vraiment malade comme un chien. Savez-vous ce qu’elle m’a dit, Denise ? Elle m’a déclaré légèrement que ce ne serait rien.
— Et ce ne fut « rien » en effet, constata Denise, avec son fin sourire. Vous voyez donc qu’elle avait raison.
— Vous soutenez toujours Geneviève vous qui avez si bien compris le devoir de la femme dans le mariage, alors qu’elle l’a méconnu !
— Quand on a eu l’honneur et la chance d’épouser une femme d’exception comme la vôtre, on peut bien le payer de quelques sacrifices d’égoïsme. Dans la vie, voyez-vous, Rousselière on n’a rien gratuitement.
— Admettons !… Mais moi, Denise, je paie trop cher.
L’annexe du Contentieux était un grand pavillon cubique de briques roses et de pierres de taille à proximité du Bois. Quand le printemps, encore une fois, commença de surgir du sol, des frondaisons, des vents tièdes, des eaux du fleuve, de celles de la pluie et finalement, du soleil vainqueur en mars-avril, Geneviève éprouva une vague de tristesse à refaire quatre fois par jour ce trajet de la maison au petit Hôtel administratif. La bouffée d’orgueil qu’elle avait connue en s’emparant de sa nouvelle autorité dans ce ravissant bureau qu’on lui avait aménagé, meuble de chêne clair, table de verre, fauteuil de travail