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sur un mur, dans un filet d’eau. Que voulez-vous que je dise là-dessus moi qui ne suis qu’une sotte ? Il s’écrie parfois : « Mais tu ne m’écoutes pas, Nisette, tu ne me suis pas ! » Alors, je pleure et il rit en m’embrassant.

Denis, qui trouvait adorable cette humilité, riait aussi de bon cœur. « Mais vous êtes la finesse même, voyons ! Un pauvre homme comme moi, qui ne suis pas très heureux, n’a pas commencé de vous expliquer son cas et ce qu’il endure que vous avez tout entrevu, tout compris.

— Pas du tout. Vous vous trompez. Je n’ai rien compris à votre malheur imaginaire. Je ne l’admets pas. Je ne vous plains pas du tout.

— Écoutez, Denise, aujourd’hui je n’en ai pas le temps, mais une autre fois je vous expliquerai ce que l’on m’a fait endurer.

Et il courait chez sa mère goûter à quelque surprise culinaire, à quelque chatterie provençale en parlant de la petite Mme Charleman « qui possédait une personnalité si curieuse, si extraordinaire ».

Un autre jour, il disait à Denise :

— Je ne pense pas qu’il y ait un homme plus heureux que votre mari. Il peut rentrer chez lui à quelle heure du jour que ce soit, il ne trouvera pas la maison vide. Et quand, du bureau, il rêve à son foyer, il le voit toujours vivant, animé par la présence de celle qui est la gardienne de la flamme. La flamme elle-même ! Pour moi, la semaine dernière j’ai été pris d’une migraine affreuse au ministère, j’ai dû avoir un taxi pour rentrer à la maison. Là je n’ai trouvé que Mme Poulut qui sortait pour promener le petit Pierre et m’a laissé me débrouiller pour le thé pour la bouillotte électrique, pour tout, en déclarant aigrement : « Bienheureux ceux qui peuvent