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paraissait plus serein. Non pas que les conseils de Denise eussent fortement porté sur sa disposition intérieure à l’égard de Geneviève. Il n’avait rien perdu de cette causticité secrète des maris mécontents qui tournent à mal les moindres intentions de celle dont ils instruisent le procès. Mais il évitait tout blâme, tout reproche direct. Il y avait en lui une source cachée de contentement qui venait d’infiltrations éloignées de son foyer, mais qui lui rendait cette humeur charmante des premiers temps de son mariage. Geneviève s’étonnait de ne plus entendre de reproches. Elle était loin de soupçonner qu’elle le devait à Denise Charleman.

Pour que Geneviève se reposât le dimanche, les Rousselière n’allaient plus ce jour-là dîner à Montmartre. « Si l’on invitait les Charleman ? » demanda deux ou trois fois Denis à sa femme. « Mais bien volontiers, » concédait Geneviève, d’un caractère toujours égal, toujours semblable à elle-même. Dès le vendredi, Denis se chargeait de l’invitation. Le dimanche, elle accueillait ses amis avec sa loyale sympathie, leur faisait fête. Il y avait un joli festin. « Poulut » servait avec dignité. Le petit Pierre, à table, flirtait avec la petite Charleman, de quelques mois son aînée. On racontait quelques potins du bureau. Geneviève rapportait un bruit qui avait couru, suivant lequel on nommerait au poste vacant un inconnu de la quatrième Direction. « Mais voyons, madame, c’est impossible ! disait Charleman ; cette situation-là vous revient ; elle vous appartient d’avance ! » — « Oh ! vous savez, reprenait la jeune femme, dans l’administration, on ne peut compter que sur ce que l’on tient. » Et Denis regardait Denise, qui demeurait silencieuse, mais lui adressait un petit sourire encourageant de confesseur affec-