Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/180

Cette page n’a pas encore été corrigée

VII

— Un peu avant le jour de l’An le bruit courut au bureau que la sous-Chef, rhumatisante, avait dû demander sa mise à la retraite. La direction du personnel n’attendait que cette démarche pour prendre une mesure qui devenait urgente. Mais, qui remplacerait la vieille demoiselle ? Tout un mouvement allait être déclenché, dans les bureaux, remous par remous, échelon par échelon, dès l’enlèvement de ce pauvre pion usagé sur l’échiquier. « Ça va faire une poussée, » disaient les dactylos. Mais les grands chefs gardaient un silence d’augures. Le mystère régnait. Les vieux rédacteurs, ceux qui étaient au tableau depuis des années, se regardaient de travers.

Geneviève, qui avait repris sa belle santé et sa vigueur à présent, affectait le plus de sérénité, bien que ce fût la plus nerveuse. Janvier passa sans nomination, mais, en fait, sous les ordres du Chef de bureau, c’était elle qui, dans la cage de verre, au fond de la galerie, assumait l’intérim. Le bébé qu’elle attendait ne devait naître qu’à la fin de mai ; tout promettait que, jusque-là, elle pourrait ne faillir à aucune tâche administrative, Elle se tenait donc prête à n’importe quelle éventualité.

À la maison, Denis semblait prendre un intérêt plus vif à cette partie d’échecs, qui allait peut-être combler les désirs ambitieux de sa femme. Il