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pour leur propre avenir. Ce n’est peut-être pas votre point de vue, mais c’en est un qui se défend.

Denise parla longtemps sur ce sujet avec son élocution toute simple, toute claire. Elle plaidait serré la cause de Geneviève, la défendait par la seule admiration qu’elle lui avait vouée. Rien ne frappe plus un homme que l’avis d’une autre femme sur sa femme. Il se calmait. Une douceur le pénétrait. Lorsque Charleman rentra il le retrouva dans cette pose de pénitent assis sur une chaise basse près de Denise. Ce fut pour Denis le signal du départ. Déjà Geneviève devait l’attendre. Mais il avait un autre visage déjà. Il saisit la main de petite fille qui pendait à l’appui du fauteuil et la baisa presque religieusement en disant à son ami :

— Ta femme est un confesseur extraordinaire, mon vieux. J’étais venu dans un dangereux état moral. Elle m’a retourné. Je pars transformé.

Sur le palier il redisait encore.

— Je suis transformé, c’est exact. Demande-lui de te répéter tout !

Il sentait qu’il allait reprendre près de Geneviève une attitude moins nerveuse, moins pointilleuse. Essayer de la comprendre comme l’avait indiqué le cher confesseur, d’entrer dans ses vues, compte tenu des supériorités de sa femme auxquelles il n’avait pas assez réfléchi jusqu’à présent.

« Vous ne pouvez traiter Geneviève comme la première venue, » avait dit Denise.

Cependant alors que le métro l’entraînait dans Son rythme infernal vers la Porte de Saint-Cloud, il ne cessait de marteler à la même cadence :


« Ô Denise aux cheveux de lin
« Ô Denise aux cheveux de fée
« Qui berce mon cœur orphelin… »