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au marché, la laissant à une femme de service.

— Mais, mon fils, elle le connaît à peine. Il appartient à sa bonne, Poulut. Elle lui chante des chansons d’Auvergne et lui donne jusqu’à ses goûts auvergnats.

— Moi, Rousselière, à sept ans, je ne chantais que des chansons anglaises à cause de ma gouvernante.

— Alors vous estimez que ma femme agit bien en délaissant son intérieur pour le ministère ?

— Elle y a ses raisons que vous devriez essayer de comprendre au lieu de la décrier.

— Mais enfin, vous n’avez cependant pas opté comme elle pour le bureau contre la maison !

— Ah ! Denis pouvez-vous me comparer à votre femme, moi qui n’ai ni intelligence, ni savoir, ni caractère. Geneviève est une créature d’exception ; moi, la première venue.

— Comme il vous plaira, dit Denis qui ne put retenir cette fois un sourire. N’empêche que Charleman est follement heureux.

— Vous avez des raisons de l’être cent fois plus que lui.

Denise avait des mains toutes menues dont, lorsqu’elle se trouvait embarrassée, elle tordait les doigts l’un sur l’autre comme font souvent les petites filles. Elle n’aurait pas voulu froisser l’ami de son mari, mais un gros blâme se formait dans sa conscience contre lui, qu’elle n’osait pas formuler trop nettement. Elle finit par murmurer :

— Êtes-vous sûr, Rousselière, de votre côté, d’avoir donné à Geneviève tout le bonheur que vous lui aviez promis. J’ai peur que vous n’ayez rien fait pour essayer de la comprendre, d’entrer dans ses intentions. Pensez aux capacités de cette créature-là. À la situation brillante qu’elle peut se faire, à l’aisance qu’elle peut créer à ses enfants