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toutes les concessions. Elle, aucune ! Nous allons avoir un second enfant. Elle ne s’en console pas, tremblant que cette nouvelle maternité n’empêche sa nomination au poste de sous-Chef. Vous comprenez, toute sa vie est orientée vers cet objectif. L’axe de cette existence de femme n’est pas dans notre petit appartement de la Porte Saint-Cloud. Il passe par un certain bureau vitré que vous connaissez bien, au fond de la galerie…

La frêle jeune femme, qui entendait cette confidence violente et passionnée avec tout son sang-froid de fille du Nord, sourit doucement :

— Rousselière, ne dramatisez pas. Dans votre procès il y a deux éléments distincts, il y a la réalité et il y a votre imagination. Il y a les faits, et puis l’angle sous lequel vous les voyez. Est-ce un crime chez votre femme de désirer un poste intéressant où son travail, au lieu d’être assujetti à tous les contrôles, sera le libre jeu de son intelligence, de son discernement ? Être chef, dans le plus prosaïque ministère, comme dans la plus glorieuse armée, c’est prendre ses responsabilités et puis dicter ses décisions. Geneviève n’est nullement à blâmer d’envier ce titre. On ne peut davantage lui reprocher d’avoir souhaité que cette naissance d’un second enfant eût lieu plus tard, après sa nomination, de façon à ne pas la différer éventuellement.

— Mais Denise, si ma femme n’était pas si fébrilement occupée de sa vie administrative, elle serait demeurée comme vous à la maison. Votre petite fille, elle, ne connaît pas chaque matin le désespoir qu’a notre pauvre Pierre dès qu’il voit sa mère mettre son chapeau…

— Oh ! vous savez, Rousselière, les désespoirs des petits bébés sont bien bruyants, mais vite consolés. Ma fille m’en fait autant lorsque je vais