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les yeux et ne souffla mot. Ensuite tous deux allèrent contempler leur enfant dans son sommeil. Il était joufflu avec de fortes lèvres bien closes cachant ses quatre dents. Son petit nez épaté palpitait régulièrement. Ses paupières s’étaient abaissées plutôt que fermées sur l’ovale si tendre et si délicat des yeux, avec l’ombre des cils.

— Pauvre gosse ! laissa échapper Denis.

Leur vie reprit son rythme habituel. Au bureau la sous-chef ne revenait pas. Les brumes de septembre, d’octobre n’étaient pas faites pour la guérir. Un dimanche Geneviève l’alla voir. Au retour quand son mari lui en demanda des nouvelles, la jeune femme, assez attristée de ce déclin d’une autre femme, répondit qu’elle devenait impotente et qu’elle lui avait prédit : « Ma chère, je sens que je n’y retournerai plus à mon pauvre bureau ! Mais ce qui me console un peu, c’est que vous me remplacerez sûrement. Vous êtes fort capable de tenir l’emploi. » Pour la flatter, Geneviève lui avait demandé des conseils et promis de venir en reprendre, le cas échéant. Au départ, la vieille demoiselle l’avait embrassée et Geneviève avait les larmes aux yeux en le racontant. À la maison, le matin elle devait se cacher de son petit garçon pour quitter l’appartement sans quoi, la scène de désespoir était inévitable. Dans ce dernier cas, le mari et la femme gardaient un silence mortel dans la rue, au métro, D’ailleurs il semblait à Denis que Geneviève qui n’avait jamais été fort expansive, se faisait maintenant taciturne. Il fallait lui arracher les paroles. Elle devait sans doute se tourmenter fort du problème de sa situation. La pauvre sous-chef allait de mal en pis,