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chez cet instinctif, contre l’entêtement de Geneviève à subordonner les moindres considérations sentimentales à celles d’un froid calcul et d’une sèche raison. De tout le voyage en métro, de toute la journée au bureau, même dans le répit du déjeuner chez Mme Rousselière, pas un mot de Denis ne releva celui de Geneviève : « Il faut qu’il s’habitue à mon absence. » Mais il avait reçu au fond de lui-même une petite blessure, et dans son fils aussi, il avait trouvé un allié contre sa femme volontaire. Qu’un si petit bébé souffrît dans son sens affectif à peine formé lui paraissait déjà intolérable. Mais que la mère le sût et l’acceptât, voilà ce qu’il ne pardonnerait jamais à celle-ci. Et, impossible de se soulager par une scène, une de ces violentes colères qui déchargent les hommes quand ils ont accumulé une trop grosse rancune. Il était lié par son acceptation des volontés de Geneviève. La bouche cousue encore plus serré depuis le voyage en Provence qui représentait le prix de sa complaisance. Rien à dire. Rien à faire. Le petit Pierre aurait de violents désespoirs et lui maintes révoltes intimes. Mais, plus de protestations vaines. « Ce sera, se dirait-il, la rançon de mon lâche bonheur. »

Comme toujours, le retour de Geneviève au bureau fut accueilli avec une joie visible. Ses chefs comptaient chaque fois sur elle pour arranger quelque affaire survenue pendant les vacances. Cette fois, c’est la sous-chef qui est malade.

Une crise de rhumatismes depuis quinze jours. Tout va un peu à la dérive. Sous couleur de remettre de l’ordre dans ses papiers on demande à Geneviève quoi, en définitive ? De remplacer l’absente ni plus ni moins. Quel avantage dans son jeu ! Elle se plonge dans le travail avec frénésie.