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un visage un peu compliqué par l’âge de quelques verrues, rides profondes, touffes herbeuses au menton ; autant de menus éléments de distractions pour le bébé qui l’aimait ainsi. Il la reconnut en trépignant de joie. Ses yeux lançaient des éclairs et sa gorge, de petits cris ; et il prononça par deux fois : « Poulut ! Poulut ! » sur un ton qui tira des larmes à cette femme dévouée.

Encore une journée de réorganisation dans la maison, et, dès le second matin, Geneviève et son mari allaient reprendre ensemble le chemin du Ministère. Mais ils n’avaient pas pénétré dans l’ascenseur pour descendre qu’ils perçurent des cris affreux venant de l’antichambre. Les cris avaient éclaté soudain, à peine la porte refermée. Et l’on entendait le mot de « Maman ! Maman ! » qui revenait sans cesse, haché de sanglots.

— Il faut aller voir ce qui se passe, dit Denis. Geneviève hésita une seconde, puis arrêta son mari de la main.

— Non. Laisse. C’est parce qu’il m’a vue partir. Il ne m’a pas quittée pendant un mois, tu conçois. Il a pris l’habitude de ma présence. Mais il faut qu’il prenne maintenant l’habitude de mon absence.

Et comme Denis avait un sursaut de protestation :

— Ah ! mon chéri, conviens que c’est indispensable.

Ainsi une fois de plus, pour des raisons aussi subtiles, aussi délicates que celles du cœur d’un petit enfant qui n’avait pas dix-huit mois, se trouvait encore posée la question de la carrière administrative de Geneviève. Mais peut-être parce que cette fois la matière du procès était plus tendre, plus émouvante, Denis sentit que le drame se jouait plus profond en lui. Un sursaut se fit,