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— Mon vieux, disait-il à Charleman, tu ne connais pas ton bonheur d’avoir une femme qui soit une épouse véritable, au sens absolu de ce mot. Je suis sûr qu’il n’est pas une occurrence de ta vie où tu ne la sentes appliquée à toi, à tes conceptions, à ton âme même, et, simultanément à ce sanctuaire du mariage qu’est la maison. Je n’ai pas été très fier, l’autre soir, d’entendre le médecin qui venait voir notre petit Pierre juger Geneviève sévèrement parce qu’elle prétendait, comme beaucoup de femmes aujourd’hui, réaliser le tour de force d’être une épouse et une mère vigilante malgré une vie s’écoulant hors du foyer. Il me disait que c’était antinaturel. J’étais bien de son avis, tout en défendant Geneviève. Mais qu’y puis-je ? Les conditions de notre mariage ont été établies ainsi. J’ai tout accepté d’elle pour l’obtenir. Tout plutôt que de la perdre, tu comprends. Je ne reviendrai jamais là-dessus.

Et le jeune Charleman avait alors repris dans sa gentillesse juvénile :

— Bien sûr ! il ne faut pas y revenir. Ce serait inélégant. Et puis, tu ne peux tout de même, incriminer Mme Rousselière, pour une colique de votre petit garçon ! Ils ont tous de ces malaises. Ma femme qui ne quitte pas notre petite fille n’a pas su la préserver d’une maladie du même genre ce printemps. Et Dieu sait le soin qu’elle en prend ! Ton toubib a déclaré que votre petit garçon a été empoisonné. Le nôtre que la petite était victime d’un microbe balladeur qui sévissait sur Paris. Tu vois qu’il ne faut rien dramatiser. Mais ces gens du Midi sont incorrigibles ! Tout pour eux devient tragédie !

Personne non plus ne s’était plus réjoui de voir dissipées les craintes des jeunes parents. Ils décidèrent même de fêter la fin de ce cauchemar dans