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continuât à l’appeler par son nom de famille : Mme Poulut. Ce qui fut accepté.

Lorsque Geneviève retourna au ministère, le petit Pierre était guéri. Mme Poulut le baignait avec dextérité, désinfectait ses biberons avec un soin méticuleux et réussissait à merveille ses blanc-manger. Dans le bureau — la grande galerie claire avec le cabinet vitré de la sous-chef au fond — on lui fit fête. Tout le monde s’inquiéta du bébé. Le chef seul semblait la bouder un peu. Il n’aimait pas énormément les congés. Cela était de notoriété publique. Il lui dit qu’il faudrait maintenant réparer le temps perdu, mettre les bouchées doubles, et termina en ajoutant que les congés trop fréquents nuisaient à l’avancement, ce qui assombrit la jeune femme. Mais il n’était que de reprendre la lutte. Sa fringale ambitieuse la ressaisit.

La place de sous-chef convoitée lui avait échappé. Maintenant son congé allait lui compter comme une mauvaise note. Il s’agissait donc de se rendre indispensable par un travail, une célérité inégalables.

Personne n’avait pris plus de part à leurs craintes que leurs amis Charleman. Jean et Denise cachaient derrière leur extrême discrétion une sensibilité frémissante. Pendant la semaine où l’enfant de son camarade avait donné des inquiétudes, Charleman n’avait jamais manqué d’accompagner Rousselière jusqu’au métro et de le réconforter par sa courte expérience de jeune père. Ses propos étaient consolants. Mais c’était Denise que Rousselière aurait voulu entendre. Denise, sa petite Dame du Bon Conseil, qui lui paraissait lointaine, supérieure comme la sagesse même, la raison, la lumière.