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— Je resterai près de lui, déclara la jeune femme, blessée, comme si on l’avait accusée d’être une mère indigne, comme si on la rendait implicitement responsable de cette indisposition. Pourtant le médecin ne lui adressait aucun reproche. Mais son anxiété présente la défaisait de tout orgueil. Elle n’était plus guère en ce moment qu’une jeune mère tremblante devant son enfant, et qui attendrit le docteur.

— Allons ! lui dit-il, en lui serrant les mains, n’ayez plus peur. Tout ira bien.

Mais dans l’antichambre où Denis l’avait accompagné pour savoir toute la vérité, il se libéra :

— Non, cela ne sera rien, je vous assure. Quelques bons lavages suffiront, mais il était temps d’intervenir. Ne vous fiez pas à cette servante. Je gagerais qu’elle partage ses repas avec votre petit garçon. Ah ! ces jeunes femmes d’aujourd’hui, qui font leur vie en dehors du foyer, qui en fixent l’axe dans une administration, dans un atelier, dans un prétoire, dans un amphithéâtre, elles prétendent réaliser le tour de force d’être en même temps maîtresses de maison, épouses dévouées, mères attentives et vigilantes ! Mais cela est impossible, cher monsieur, impossible. Et il n’est pas de jour où, nous médecins, nous ne le constations. Cela est an-ti-na-tu-rel. Concevez-vous ? Denis ne le concevait que trop, mais il ne voulait pas trahir Geneviève devant un étranger.

— Ma femme accomplit de vrais miracles de surveillance. Tout l’emploi du temps de la bonne est fixé par elle avant qu’elle s’en aille, chaque matin. Tout est prévu à cette heure, tout contrôlé le soir.

— Elle ne revient donc même pas déjeuner ? ponctua le docteur, avec cette ironie médicale qui est souvent une déformation professionnelle.