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— Je puis demander un congé, se hâta-t-elle de dire pour se soulager elle-même plutôt que pour se disculper aux yeux d’un inconnu.

— C’est bon, dit le docteur, j’irai le voir dans la soirée.

Il arriva peu après. C’était un vieux monsieur, à l’air réservé, mais au bon sourire. Il vint droit au berceau du petit Pierre, le fit dénuder, le trouva large de poitrine et bien en forme. Mais il avait une température de 39°, qui exigeait une diète à l’eau sucrée. Le tube digestif devait être en mauvais état depuis plusieurs jours.

— N’avez-vous pas remarqué, madame, qu’il fût souffrant ?

Si, Geneviève le trouvait pâlot. Elle l’imputait au travail de la dentition. Il était, à bien y réfléchir, un peu moins gai.

— Vous m’avez dit qu’il était soigné par une domestique. Voulez-vous me faire venir cette personne ?

Mariette, qui n’avait pas froid aux yeux, fut appelée et subit un interrogatoire serré et pressant sur le soin des biberons, l’ébullition du lait, l’observance du régime fixé au nourrisson. Ne lui avait-elle rien donné d’autre ?

— Oh ! quelquefois un croûton de pain, mais si peu…

Le vieux médecin fit une grimace puis se mit à rédiger l’ordonnance.

— J’espère que vous ne lui trouvez rien de grave ? demanda Geneviève haletante.

— Non, non, concéda le vieil homme. Cela va s’arranger très vite. Mais il y a eu cependant un commencement d’intoxication alimentaire. Cet enfant a dû ingérer des nourritures impropres. S’il est possible, madame, ne le quittez pas durant quelques jours.