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dont avant leur mariage Denis s’était servi pour décider sa fiancée à laisser derrière elle sa carrière administrative, trouvaient aujourd’hui leur justification dans les circonstances ; et il aurait eu beau jeu de les rappeler. Inutile ! Geneviève s’en souvenait bien. Elle les avait assez ressassés pendant les quelques semaines où ils avaient rompu ! Et elle revoyait le mariage des Charleman à Saint-François-Xavier. Son âme chavirée par le discours nuptial du prêtre sur l’amour conjugal. Et Denis si bouleversé, si puissamment repris par son amour, qu’il faisait toutes les concessions : « Chérie, ce sera comme vous voudrez, vous continuerez votre carrière, puisque vous y tenez tant. Je n’ai pas le droit de forcer votre volonté. Charleman a plus de chance que moi. Sa femme ne sera qu’à lui. Mais vous aurez été la plus aimée. » Le cœur aujourd’hui encore lui fondait de tendresse à ce souvenir. Allons ! un sursaut d’énergie. Il fallait se débrouiller. Tout pour que ce mari bien aimé n’eût pas trop à regretter le sacrifice qu’il lui faisait il y a deux ans de ses idées personnelles !

— Dès demain, déclara-t-elle, je demande une liberté et je vais au bureau de placement.

Denis la regardait singulièrement, Elle lui sut gré de ne pas évoquer ses griefs, de ne proférer aucun reproche…

Ce fut encore une jeune fille de dix-huit ans que le bureau de placement leur offrit. Évidemment celle-ci ne présentait pas toutes les garanties qu’une diplômée eût apportées, mais elle se vantait de son titre de bonne d’enfants et d’avoir élevé au biberon les deux jumeaux d’une dame de Vincennes — de qui elle possédait de très honorables certificats.