Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

étant venue voir son petit-fils, sonna en vain plus de dix fois à la porte de l appartement. Sa nervosité de femme du Midi commandait sa main impatiente. Mais le carillon déchaîné n’eut d’autre effet que de réveiller le petit Pierre endormi, qui pleura d’abord faiblement, puis, peu à peu lança des cris plus déchirants qu’on entendait du palier. Convaincue alors d’une absence momentanée de la jeune bonne, elle résolut d’attendre son retour qui ne pouvait tarder. Un peu agitée, faisant les cent pas sur le palier exigu, son anxiété croissait à mesure des cris de l’enfant. Cependant ce fut celui-ci qui s’apaisa le premier. Las de crier en vain on ne l’entendit plus tout à coup. Mais. Ninette ne revenait toujours pas. Une demi-heure s’est passée. Voici trois quarts d’heure. Sérieux cas de conscience pour une belle-mère délicate, qui ne veut pas espionner ni pratiquer les délations, mais passionnée aussi et qui défend sa progéniture !

Une heure est écoulée. Elle a décidé de ne bouger d’ici que la petite bonne rentrée, afin de pouvoir l’admonester personnellement, sans qu’il fût besoin de rapports à ses patrons.

Un quart d’heure encore. Et enfin la belle-mère à bout de nerfs, perçoit le bruit d’une porte s’ouvrant et se refermant à l’intérieur. Un carillon désespéré éclate alors sous sa main. De longues secondes encore, puis Ninette un peu enfiévrée, un peu effarée, mais fraîche recoiffée, paraît sous le chambranle de la porte ouverte,

— Il y a longtemps que Madame est là ? demande-t-elle toute tremblante.

— Il y a une heure et demie, Ninette ! reprend la Provençale, un peu courroucée, un peu dramatique, mais qui n’échappe pas à la joie secrète de voir d’ici le petit Pierre gazouillant dans son