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dans cette atmosphère bureaucratique, s’amusèrent à bon marché de l’épisode qui ne valait que pour des êtres dont il illustrait le milieu véritable.

— Il n’empêche, conclut Denise, qu’en six semaines de correspondances incessantes, Geneviève seule a pu rassembler toutes les pièces éparses et reconstituer le dossier en bon ordre. on mari me l’a raconté. Quelle clarté d’esprit ! Quelle méthode ! Et dire qu’elle cumule avec des tâches pareilles la tenue de sa maison et l’élevage du bébé ! Je l’admire, moi, mon cher, qui perds pied si souvent pour diriger notre intérieur si petit !

— Oh ! à la maison, objecta Denis, la jeune bonne fait tout… Très capable d’ailleurs.

— Vous dites cela parce que vous êtes un homme et que vous n’y connaissez rien. Moi je sais bien qu’avant de partir le matin, votre femme a tout prévu, tout combiné, tout ordonné : que la petite servante suit des prescriptions toutes tracées comme un rail devant elle ; que Geneviève en rentrant se fait rendre des comptes de la journée, et vous voyez bien que son dimanche encore elle l’emploie à des vérifications. Elle n’est peut-être pas le bras qui agit, mais elle reste la pensée qui dirige. Elle tient bon le gouvernail. Tout votre petit navire demeure entre ses mains quoi que vous disiez. Sur ce, vous allez me permettre d’aller faire un peu de thé…

Elle se leva, encore enfantine sous la mousse lumineuse de ses cheveux et les deux amis demeurèrent tête-à-tête. Denise en s’en allant avait laissé comme un fluide mystérieux et touchant.

— Quel être adorable que ta femme ! prononça Denis après quelques secondes de silence.

— Ah ! tu ne sais pas, mon vieux ! Il faut vivre à ses côtés, il faut suivre toutes les diversités.