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Il y eut fête au bureau le matin où du bout de la longue pièce claire on la vit apparaître, embellie par sa maternité, radieuse de la petite ovation discrète qu’on lui faisait ; le chef qui se trouvait là, d’aventure, récita un laïus préparé à loisir où il s’empêtra légèrement, souhaitant que la « petite fille » qui réjouissait maintenant le foyer des Rousselière, ressemblât à sa mère, — pendant que les dactylos espiègles ne pouvaient s’empêcher de lui souffler : « C’est un garçon ! C’est un garçon ! » Mais Geneviève ne considérant que l’intention du patron, répondit sans relever l’erreur que, après ce long repos, elle était heureuse de retrouver sa place dans cette grande salle de travail où elle avait hâte de rattraper le temps perdu.

Nul ne pouvait savoir à quel point c’était vrai !

Ses rêves faits lors des vacances, lorsqu’elle entrevoyait de belles perspectives administratives, n’étaient rien à côté du désir d’avancement qui la prenait ici à se voir encadrée de deux femmes sous-chefs à côté desquelles peut-être marquerait-elle le pas pendant des années, comme Mme Duval la mère des jumelles.

— À propos, ne put-elle s’empêcher de demander à sa voisine, que devient Mme Duval, du quatrième bureau ?

— Ne m’en parlez pas, ma chère ! Ses deux jumelles ont eu la diphtérie. On ne la voit plus depuis un mois. Ses collègues grognent en se partageant le travail. Elle n’a pas de chance !

— La pauvre Duval ! soupira Geneviève.

Mais cette fois c’était à la diphtérie qu’elle pensait…

Elle attendait du travail. Elle avait une hâte fébrile d’écrire toutes les lettres qui avaient pu rester en souffrance, de rédiger toutes les notes qui devaient partir pour les Préfectures, de constituer