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comme vous et nourrît, et ne quittât jamais notre enfant. Mais vous la connaissez !…

— Oui, je la connais, et je trouve que vous êtes bien injuste envers votre beau destin d’avoir une telle compagne, si noble, si remarquable, si comblée de dons et de vous plaindre encore parce que celle que personne ne peut s’empêcher d’aimer et d’admirer, n’est pas la nourrice de votre bébé ni la servante de vos quatre volontés à la maison !

Elle parlait d’un petit air sec, emprunté on ne sait où, pour la circonstance. Rousselière trouvait que cet air lui allait si mal, qu’il éclata de rire.

— Vous paraissez bien vous amuser, mon cher ami !

Il leva la tête. C’était sa mère qui, tout en croquant un gâteau, l’avait rejoint dans le coin où il était allé trouver Denise, — elle-même venant d’échapper au membre de l’Institut. Denis ne tenait pas expressément à ce que Mme Rousselière connût de quoi il s’entretenait avec Denise. Il avait dit, là, à Denise, des choses qu’il n’aurait confiées à personne, sa mère la dernière. Ce fut Denise qui, avec son esprit de finesse, sauva la situation ;

— Nous parlions de deux personnages des plus intéressants, madame : nos enfants !

Mais Rousselière qui ne pouvait jamais échapper à l’œil moqueur et tendre de sa mère, craignait une investigation un peu plus poussée. À point nommé pour le tirer d’affaire, un grand remous se produisit dans la pièce, le : brouhaha des conversations animées par le champagne s’arrêta soudain : une porte s’était ouverte et avec une sorte de majesté touchante Ninette entrait portant le poupon enculotté de laine neigeuse. À la vue de son fils, Geneviève qui riait avec des amis du bureau, se leva instinctivement et vint à sa ren-