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ont des santés de fer. Au bureau, J’ai entendu de jeunes mères, employées, échanger leurs confidences sur ce sujet, sur les inconvénients du biberon. Deux ont perdu leurs petits bébés.

— Ah ! ne dramatise donc pas ! avait répondu Geneviève. La médecine aujourd’hui n’est pas si enthousiaste que tu le crois du lait maternel. On ne peut le surveiller, le doser, le contrôler comme un nourrissage artificiel.

— Quand la mère se porte aussi bien que toi, que craindre ?

— On ne sait jamais… tandis qu’il vous est loisible d’analyser le lait de la crèmerie, de varier les farines nutritives à mesure que le nourrisson façonne son système digestif, comme aussi d’aseptiser les nourritures et leurs vases.

— Oui, quand c’est la mère qui surveille tout. Mais, songe donc, chérie, en ton absence.

— Tu reconnais toi-même que Ninette devient très attentive, très ponctuelle. Je la formerai moi-même à la manipulation des biberons. Pendant mes trois mois de congé, je lui ferai subir une ; sorte de probation. Tu ne réfléchis pas à cela, Denis ; tu es injuste, Tu m’en veux de garder ma situation, tu me diminues comme une mauvaise épouse, une mauvaise mère, alors que sans mes appointements je ne sais comment nous pourrions vivre, surtout compte tenu de cette nouvelle charge.

Et elle avait pleuré, elle si fière : de quoi il était demeuré bouleversé toute la nuit. Et voici qu’aujourd’hui, au milieu de cette réunion qui ne manquait pas d’un brin d’éclat et qui fêtait le petit être, le petit homme en promesse endormi ailleurs dans ses blanches fourrures, la question revenait sur le tapis du fait de cette femme riche, complètement inapte à comprendre les difficultés d’un jeune ménage modeste !