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petite esquisse d’homme grimaçante et mystérieuse, et ils éprouvaient que leurs vies s’étaient élargies.

— Comme c’est petit ! murmurait Denis avec une sorte de commisération pour une fragilité si flagrante.

— Ça grandira ! répliquait Geneviève toute tournée déjà vers l’avenir de son fils.

Alors on se mit à préparer le baptême,

Geneviève et Denis n’étaient pas de ces chrétiens légers pour qui le baptême ne représente qu’une formalité d’usage courant. C’était avec toute leur intellectualité consciente qu’ils pratiquaient leur christianisme. Le jour venu, quand le prêtre — un ancien professeur de Denis à l’Institut catholique — s’adressant au parrain, le saint-cyrien frère de Geneviève, et à la marraine, Mme Rousselière, dont les mains tenaient ensemble le cierge à la longue flamme droite et symbolique, leur posa la question à laquelle ils devaient répondre pour l’enfant : « Que demandez-vous ? » et qu’ils prononcèrent ensemble : « La Foi », les parents comprirent qu’il s’agissait ici pour leur fils d’une : seconde naissance, surnaturelle celle-là, de la vie mystique qui s infusait en lui à ce moment pour l’éternité. Et ils pensèrent ensemble : « La Foi, bien suprême, communication de l’homme avec Dieu. Seule joie certaine ! »

— Je ferai tout, se dit Geneviève, pour que sa foi soit lumineuse, généreuse, impérieuse sur sa vie…

Puis, après la cérémonie, des amis se réunirent chez eux : les Charleman, quelques dames du bureau, un membre de l’Institut, ami du félibre Rousselière, la notairesse de l’étude dont le père de Geneviève était le principal. Tout ce monde,